
Crédits photos : SAKILI
Faisons le point sur le tourbillon fou de nos réactions internes ! Emotions, sentiments, humeurs, sensations… nous sommes pourvus de toutes sortes de réactions possibles qui font de nous des êtres vivants, communicants et capables.
Pourquoi comprendre la différence entre émotions et sentiments ?
Parce qu’au début de notre vie les émotions sont fortes et s’enchaînent… Les émotions restent le premier moyen de communication des tout-petits pour échanger avec le monde qu’ils découvrent de jour en jour. Parce que les émotions de nos petits nous bousculent. Les sentiments nous permettent de grandir et de s’ancrer dans le monde sur le long terme. Alors comment accueillir les émotions de l’enfant ? Comment être à son écoute pour comprendre ce qu’il vit ?
Différence entre émotions et sentiments
Commençons par comprendre la différence entre émotions et sentiments.
L’émotion est une réaction du corps face à une stimulation provenant de l’environnement. Cette réaction du corps permet une décharge pour permettre de retrouver un équilibre émotionnel. Elle nous donne une information et nous permet de passer à l’action de manière quasi immédiate en s’adaptant aux situations. On reconnaît 4 émotions primaires parfois 6 : la peur, la colère, la tristesse, la joie et parfois la surprise et le dégoût. Les émotions nous permettent de nous connecter entre nous, elles nous informent sur les besoins et les attentes de l’autre et nous poussent à agir dans un sens ou dans l’autre. Les émotions sont les premières réactions internes que nous offrent les tout-petits pour communiquer. Enfin contrairement à ce que l’on pourrait croire les émotions primaires sont universelles et innées, ce qui n’est pas le cas des émotions secondaire qui s’acquièrent en grandissant.
Le sentiment est bien plus complexe car il se construit sur un mélange d’émotions. Les sentiments sont plus durables, ils peuvent s’ancrés parfois sur le long terme… et ils évoluent avec le temps. Les sentiments peuvent être culturels.
Enfin, les émotions et les sentiments sont bien sûr intimement liés. Les uns peuvent découler des autres et inversement.
Pourquoi accueillir les émotions de l’enfant ?
On utilise ici le terme « accueillir » dans un sens de bienveillance car l’accueil des émotions de l’enfant n’est pas simple pour l’adulte qui a grandi, s’est civilisé, a été éduqué et bien souvent a oublié la force primaire et indispensable des émotions. D’autant que les émotions primaires sont plus nombreuses à être « négatives » et nous demandent certainement plus d’efforts pour les accueillir. Il est certainement plus agréable de gérer des situations de joie que celles de peur, de colère, de tristesse et de dégoût !
Accueillir les émotions de l’enfant c’est tout simplement lui laisser la possibilité de s’exprimer et donc de se sentir reconnu pour enfin construire son identité propre. Mais attention une position d’accueil et d’écoute ne signifie pas céder à tout…
Comment accueillir les émotions de l’enfant ?
En fait la question est plutôt : Comment aider l’enfant à comprendre son émotion ? L’enfant ne sait pas à proprement parler que ses émotions sont son premier langage et malgré lui elles sont là. Il faut donc l’aider à les détecter et à les exprimer, l’aider à ce qu’elles aillent jusqu’au bout, jusqu’à l’équilibre émotionnel retrouvé.
Dans un premier temps l’adulte se met à hauteur d’enfant en s’accroupissant et il met des mots sur la situation « Qu’est-ce qu’il se passe ? », il nomme l’émotion.
Ensuite, l’adulte propose ou veille à ce que toutes les tensions soient libérées ; crier, pleurer, taper dans un coussin, dessiner sont autant de moyen d’exprimer ses émotions. Parfois les tensions provoquées par de fortes émotions ne se déchargent qu’en différé d’où les séances difficiles de pleurs et de cris… sans raison ? Si bien sûr mais l’émotion a certainement eu lieu bien plus tôt mais n’a pas eu la possibilité de s’accomplir pleinement.
Enfin nous aurions tort de n’évoquer que ces émotions « négatives » car il est tout aussi important d’aider l’enfant à exprimer sa joie ou du moins de la nommer pour la valoriser.
A retenir à propos de leur petit et beau cerveau !
Chaque gestes doux, paroles bienveillantes et marques d’attention accordés à l’enfant provoquent la production d’ocytocine. L’ocytocine procure un sentiment de bien-être et d’estime de soi, l’ocytocine favorise le développement de l’empathie. Elle permet de mieux supporter les frustrations inévitables et essentielles du quotidien.
Le cerveau des enfants (et des adultes?) ne saisi pas bien la négation… les « PAS » passent à la trappe et les phrases avec négation viennent à être comprises à l’envers. C’est la fameuse phrase « Ne monte pas sur ta chaise. » pour laquelle le jeune cerveau ne va retenir que « Monte » et « sur ta chaise »… mieux vaudra donc utiliser « Descends de ta chaise. » ou « Reste assis sur ta chaise ». La chasse au « PAS » dans notre langage n’est pas aisé mais c’est une habitude à prendre…
Enfin, si les enfants passent tous par la fameuse périodes des « POURQUOI ? » sachez que leur cerveau n’aime pas les « POURQUOI ? » qui viennent de vous ! Les enfants demandent « POURQUOI? » pour tout et n’importe quoi car ils sont naturellement curieux. Vous répondez au mieux, vous vous renseignez, vous lisez des livres ensemble. En revanche un « POURQUOI ? » qui vient de l’adulte qui souhaite connaître la raison d’une émotion ou d’un sentiment restera à coup sûr sans réponse. Ce mot implique beaucoup trop de raisonnement que le jeune cerveau n’est pas encore capable de traiter… à vous de l’y aider petit à petit.
Les humeurs passagères
L’humeur est un état d’âme, une ambiance affective. On parle communément de « bonne » ou de « mauvaise » humeur. L’humeur est moins forte que l’émotion qui se vit dans l’immédiat, elle est plus ou moins persistante et elle est surtout dépendante du tempérament de l’enfant et de son caractère qui va se forger petit à petit. Chez les petits l’humeur peut vite changer contrairement aux adultes et cela peut nous décontenancer ou nous étonner. Qui ne s’étonnera pas de la faculté des enfants de passer du rire aux larmes et des larmes au rire ? L’humeur est en général le résultat d’une émotion non exprimée. Bien sûr, comme nous l’avons vu on peut accueillir les émotions de l’enfants et l’aider à les discerner mais cette posture n’est pas applicable pour chaque émotion ! L’enfant va aussi intérioriser certaines de ses émotions et les humeurs seront passagères. L’humeur excessive recouvre une émotion forte et dans ce cas il peut être judicieux d’intervenir pour accueillir cette émotion pour qu’elle s’accomplisse et que l’enfant puisse retrouver un apaisement émotionnel.
Le bal des sensations
Agréables, fortes, désagréables… Les sensations sont procurées par les organes des sens. Les sensations durent tant que dure la stimulation. Nos sensations internes sont liées à nos réactions internes et donc à nos émotions. Les sensations sont comme des indices de ce qui est en train de se dérouler. Aider les enfants à mettre des mots sur leurs sensations internes c’est les aider à développer leur vocabulaire, leur connaissance de leur corps, de leur fonctionnement et, on y revient, de leurs émotions…
Les livres au cœur des émotions, des sentiments, des humeurs et des sensations
Les livres, les albums pour les enfants sont d’excellents outils pour développer le vocabulaire du champs lexical de nos ressentis. Ils sont bien plus riches que notre vocabulaire courant, d’autant qu’en temps qu’adulte nous ne mettons peu voir pas de mot sur nos émotions, nos sensations, nos sentiments, nos états d’âmes… ou bien toujours les mêmes ! Les histoires sont construites autour d’évènements et de péripéties qui provoquent des émotions aux divers héros et personnages. A partir des situations nombreuses, variées parfois inimaginables, les enfants assimilent les émotions et les sentiments qui en découlent. Ils peuvent s’identifier, se comparer ou simplement observer et retenir… Bien souvent les histoires donnent des clefs pour agir et réagir.

Récapitulatif :
Les émotions primaires, innées et universelles :
(émotions primaires > quand > sensations)
- la joie > rencontres, succès, réussite, liberté > respiration ample, chaleur dans la poitrine, rires…
- la peur > danger > accélération cardiaque, chaire de poule, bouche sèche, estomac serré…
- la colère > frustration, blessure, injustice, impuissance > forte accélération cardiaque, tension dans la mâchoire, sourcils froncés, chaleur, envie de frapper…
- la tristesse > séparation, perte > baisse de tonus, serrement au niveau de la poitrine, crispation des membres, pleurs…
- le dégoût > injustice, viol, nocivité > envie de vomir, nez plissé, bouche « tordue »…
- la surprise > inattendu > accélération cardiaque, écarquillement des yeux, souffle coupé…
Les émotions secondaires, complexes, acquises :
- la culpabilité
- l’embarras
- le mépris
- la complaisance
- l’enthousiasme
- la fierté
- le plaisir
- la satisfaction
- la honte
Les sentiments, passagers ou durables, acquis en grandissant, issus des émotions et très nombreux (!) :
- content, heureux, excité, satisfait, courageux, confiant, épanoui, rassuré, gai, pétillant, vivifié…
- tranquille, calme, constant, paisible, concentré, détendu, serein…
- amical, tendre, ouvert, amoureux, émerveillé…
- confus, perplexe, hésitant, troublé, frustré, agité, tiraillé, partagé, fragile, démuni…
- apeuré, craintif, anxieux, paniqué, alarmé, angoissé…
- découragé, déprimé, consterné, démoralisé, seul, impuissant, blessé, débordé, triste, désespéré…
- fâché, exaspéré, furieux, agacé, contrarié, nerveux, irrité, pessimiste…
- curieux, impatient, intrigué…

Pour vous promener sur le BLOG de SAKILI utilisez les catégories ci-dessous :
